La dyslexie est un trouble spécifique de l’apprentissage de la lecture et de l’orthographe qui touche des milliers de personnes en Tunisie. Bien que cette condition soit de plus en plus comprise dans le monde entier, les dyslexiques en Tunisie font toujours face à d’énormes défis en matière d’apprentissage, d’intégration et d’accès au marché du travail.
«J’ai toujours eu du mal à lire et à écrire. A l’école, mes camarades de classe se moquaient de moi, et mes enseignants ne comprenaient pas pourquoi je ne progressais pas. J’ai été diagnostiqué dyslexique à l’âge de 10 ans, mais trouver de l’aide a été un véritable défi», témoigne le jeune Youssef, 14 ans.
Le diagnostic de la dyslexie en Tunisie peut être une étape difficile à franchir. De nombreux parents et enseignants confondent les difficultés de lecture avec un manque de volonté ou d’effort de la part de l’enfant.
En conséquence, de nombreux dyslexiques ne sont pas diagnostiqués à temps, entraînant des retards significatifs dans leur apprentissage.
L’histoire de Nadia, une jeune femme dyslexique de 22 ans, met en lumière les difficultés d’intégration à l’école. «J’ai beaucoup peiné à suivre le programme scolaire standard. Les manuels étaient un véritable cauchemar pour moi, et je me sentais constamment en décalage par rapport à mes camarades de classe». Nadia a finalement trouvé une école, où elle a reçu le soutien nécessaire pour développer ses compétences en lecture et en écriture. Cependant, de nombreux autres dyslexiques ne bénéficient pas de cette opportunité.
«Cela n’a pas été facile»
Le chemin vers la réussite académique pour un enfant, atteint de troubles de l’apprentissage, est parsemé d’obstacles souvent invisibles pour le monde extérieur. Salma Ghedamsi, parente d’un enfant «dys», partage son expérience, marquée par des défis considérables et une lutte pour la reconnaissance de ces troubles. «Cela n’a pas été facile», commente-t-elle, «car il y a un déni de la part des responsables et des éducateurs, même si des progrès ont été accomplis». Salma fait référence au manque de compréhension et de sensibilisation qui entoure les troubles de l’apprentissage. Les parents sont souvent confrontés à une administration expéditive et purement administrative, même de la part de psychologues relevant des Commissariats régionaux de l’Education. Cette réalité fait que de nombreux enfants «dys» ne reçoivent pas l’attention et le soutien nécessaires dans le système éducatif.
Mais Salma ne blâme pas uniquement les autorités. Elle souligne que de nombreux parents sont également dans le déni, parfois par manque d’information sur l’existence de prises en charge adaptées. Il est crucial de reconnaître que de nombreux cas d’échec scolaire sont imputables à des troubles d’apprentissage de type «dys».
La stigmatisation autour de la dyslexie persiste
En Tunisie, l’éducation inclusive est encore loin d’être une réalité pour de nombreux dyslexiques. Les enseignants sont souvent mal préparés pour soutenir ces élèves, et les ressources adaptées sont rares. La stigmatisation autour de la dyslexie persiste, ce qui rend difficile pour les dyslexiques de faire valoir leurs compétences et leurs talents. En fait, la dyslexie n’est pas un manque d’intelligence, de volonté ou d’effort. Il s’agit d’une condition neurodéveloppementale qui affecte la manière dont le cerveau traite les informations liées à la lecture et à l’écriture. Les personnes dyslexiques ont souvent des compétences exceptionnelles dans d’autres domaines, comme la créativité, la résolution de problèmes et la pensée critique. Ces troubles ne se limitent pas à la dyslexie, mais englobent également des conditions telles que la dyspraxie, la dyscalculie, la dysphasie, ainsi que les troubles de l’attention avec ou sans hyperactivité (Tdah). Du reste, le diagnostic précoce et le soutien adapté sont essentiels pour aider les dyslexiques à surmonter leurs défis. Les enseignants, les parents et les employeurs peuvent jouer un rôle crucial, en créant un environnement favorable à l’éducation et à l’intégration.